La communication parent-enfant – Episode 2 : le rôle du parent dans le développement du langage

Bienvenue dans ce nouvel épisode consacré au langage et à la communication de l’enfant. Aujourd’hui, on va se demander comment, en tant que parent, on peut aider notre enfant à parler. Alors, pas de recette miracle, je préfère vous le dire tout de suite, mais quand même, on verra que certaines attitudes et façons de s’adresser à votre enfant, sont, disons, plus adaptées que d’autres 😉.

Pour commencer, le petit conseil que je peux vous donner, et qu’à mon avis vous suivez déjà puisque vous êtes en train d’écouter ce podcast, c’est de vous renseigner sur les manières pertinentes de communiquer avec votre enfant. Si vous êtes motivés, si cela vous intéresse, même rien qu’un peu, écoutez, lisez, discutez avec un professionnel de l’enfance avec qui vous vous sentez à l’aise, posez-lui des questions. Vous trouverez sur le site de Li&Di pas mal de ressources, des liens vers des vidéos et des articles qu’on a sélectionnés, pour approfondir le sujet si ça vous tente.

Ceci étant dit, première idée que je tiens à partager avec vous : essayez de faire attention à ne pas poser trop de questions à votre petit ! Si vous y prêtez attention, vous verrez que les “tu as passé une bonne journée?” ou “c’est quoi, ça?” et autre “c’est de quelle couleur, ça?”, sont souvent nombreux ! Alors, je ne dis pas qu’il ne faut plus poser de questions à votre enfant, non, pas du tout, d’ailleurs, ce serait bien compliqué, mais j’attire juste votre attention sur le fait qu’il y a d’autres façons de faire, comme par exemple, tout simplement, commenter ce que vous faites, ce que votre enfant fait, ou encore ce que vous voyez. Ca peut donner “Oh tu as vu le chat?” “wouah, tu as mis le bonhomme sur la moto” ou encore si votre enfant pointe du doigt dans la rue “oui tu as vu, le bus est passé”. Finalement, c’est pas si compliqué, il faut juste y penser. Et si vous y pensez de temps en temps, c’est déjà super ! Pas de pression, une chose à la fois. Ce n’est pas facile de changer ses habitudes (et celle de poser des questions, beaucoup de parents l’ont, je vous assure). Ce qui est top, c’est de varier, si possible, les manières de s’adresser à son enfant. Voilà ce que j’avais à vous dire sur l’intérêt de faire des commentaires, dans la vie de tous les jours.

Autre stratégie intéressante : donner le bon modèle verbal et reformuler.  
Alors c’est quoi le modèle verbal ? Eh bien, c’est le fait, justement, de commenter ce que vous vivez, voyez, entendez, ressentez, “Tiens, j’ai froid, je vais mettre un pull”. C’est décrire vos actions “j’ai besoin d’une casserole, je vais la chercher dans le placard”. C’est aussi nommer les objets autour de vous. Pas tout le temps, pas pour tout, mais avoir à l’esprit que c’est aussi comme cela qu’on aide son enfant à acquérir du vocabulaire. Je vous parlais des questions tout à l’heure, il existe aussi plusieurs types de questions : les questions ouvertes comme “Qui? Quoi? Avec qui? Avec quoi? Où?” etc ; les questions fermées, pour lesquelles votre enfant n’aura souvent à répondre que par oui ou non; on peut aussi poser des questions et proposer des choix de réponses comme “tu veux de l’eau ou du jus?”.
Donner le bon modèle verbal, c’est aussi reformuler ce que produit votre enfant. On peut reformuler correctement quand notre enfant a prononcé un mot en déformant un son, “d’accord moi je prends le chat”, en insistant un peu sur le ch si votre enfant ne le prononce pas encore très bien. De même, si votre enfant produit une phrase qui n’est pas tout à fait correcte sur le plan grammatical, eh bien on peut la reprendre à notre compte en apportant les corrections nécessaires. En tout cas, ce qu’il faut essayer d’éviter, c’est de pointer les erreurs commises par votre enfant et lui demander de répéter. Le plus important, c’est d’être dans l’échange, le plus fluide possible. Lorsqu’on reprend ouvertement son enfant ou qu’on met en évidence toutes ses “erreurs” de langage, le risque est grand que cela le coupe dans son élan, voire que cela le décourage. Donc, il faut essayer de lui donner le bon modèle, le plus naturellement possible.

Pour compléter ce que je viens de dire, j’aimerais maintenant insister sur l’importance de se saisir du quotidien, sans se mettre trop de contraintes ! Il n’est pas nécessaire de créer de toutes pièces des situations pour aider son enfant à parler, rien de mieux que la vraie vie ! Concrètement, quand vous vous sentez l’énergie de le faire, quand c’est le bon moment pour vous. Je précise car on sait bien, que quand on est parent, il y a des moments où on a juste envie de faire ce qu’on a à faire, d’être efficace (faire la vaisselle vite fait par exemple), sans avoir à penser à autre chose, comme la façon de s’adresser à son enfant. Voilà, donc, certaines fois, dans vos routines quotidiennes, dans vos tâches ménagères, si votre petit est dans le coin, vous pouvez nommer et commenter ce que vous faites. Par exemple, si vous avez du linge à étendre ou à plier, eh bien vous pouvez dire “je plie mon pull et le tien”, “tiens, ce t-shirt bleu m’a l’air un peu petit pour toi maintenant” ou encore “ça c’est le pantalon de ton frère, et ça c’est celui de ton papa”. Même chose, quand vous préparez à manger ou quand vous mettez la table, ce sont des occasions de nommer les objets, les ustensiles, les aliments etc. Et d’offrir à votre enfant d’entendre par exemple des verbes différents “d’abord j’épluche les carottes et ensuite je les coupe” ou “je lave la salade” ou “je fais chauffer les pâtes” ou encore “je verse le lait sur les oeufs et je mélange”, bref, je m’arrête là, je pense que vous avez compris !

Enfin, dans vos échanges avec votre enfant, n’oubliez pas de lui laisser le temps de prendre la parole et de participer à la conversation, respectez vous-mêmes et aidez-le à respecter le “chacun son tour”. On y pense souvent dans les jeux, mais finalement c’est aussi un principe essentiel de la discussion. Votre enfant a aussi besoin de sentir que ce qu’il dit ou montre vous intéresse. Autant que possible, essayez d’être réactif par rapport à toutes ses tentatives de communication, gestes, sons, mots, phrases. Être réactif, ça signifie lui faire un retour, par la parole, par le regard ou le sourire, si possible rapidement. Là encore, ça peut contribuer à le motiver à parler et à communiquer. Et puis, imitez-le ! S’il pointe du doigt, pointez en retour en nommant l’objet ; s’il fait une mimique pour exprimer un besoin ou une émotion, imitez la et proposez des mots simples. Bref, il aura plus de chances de vous imiter si vous l’imitez vous-même.

En conclusion, comme je vous le disais dans le premier épisode, n’oubliez pas de ne pas vous mettre la pression ! On ne peut pas toujours bien faire, on n’est pas non plus toujours disponible, on est parfois fatigué, on fait comme on peut ! Donc, les idées que je vous ai données aujourd’hui, c’est pas grave si vous n’arrivez pas toujours à les suivre.
Autre point important : le plaisir ! Si vous prenez du plaisir à avoir votre enfant à vos côtés, à faire une activité ou un jeu avec lui, tout ce que j’ai présenté aujourd’hui aura plus de chances de fonctionner. Donc si ce n’est pas le moment pour vous, mieux vaut différer le temps de jeu par ex, écouter votre besoin à vous, vous n’en serez que plus adapté avec votre enfant, le moment venu.
Merci de m’avoir écoutée, portez-vous bien, à bientôt !